Chère MURF,
Je sais, je crains, cela fait exactement un mois et 19 jours que je suis à New-York, et pas un post. Je vais tenter de me rattraper, parce que merde, c'était quand même moi la première à partir.
Donc déjà, conseil pour votre futur, ne prenez jamais, ô grand jamais, un vol qui commute avec un autre vol en provenance d'un pays de blédos, votre santé mentale en dépend. Je me suis retrouvée dans un Paris-Francfort-New-York, commutant avec un... Alger-Francfort-New-York. Les 8 heures les plus longues de ma vie. Un blédos à droite, un blédos à gauche, une rangée devant, une rangée derrière. Voyant le truc arriver gros comme une maison, je me mets en mode asociable aka Casque audio, livre, puis masque pour dormir. Ce fût inefficace. Les mecs n'ont pas arrêté de me parler, et ils ont même essayé de me prendre en photo, et l'un d'eux a glissé son numéro de téléphone dans mon sac, en signant '' mysterieux inconnu dans l'avion ''. CIMER MEC.
Ces peines se sont envolées quand mon passeport a été tamponné, et que j'ai attendu mon cher et tendre père QUATRE heures à l'aéroport, père, qui a '' oublié '' de venir. Oui oui, oublié. Je rappelle que mon père est venu avant moi aux Etats-Unis, contre ma volonté, pour m'aider à trouver un appartement (je l'ai finalement trouvé moi même mais bon, no comment). Première impression, il fait chaud sa mère, début juillet, on dépasse la barre des 40°C, et mon corps fond dès que je pose le pied dehors.
Je vous épargne la galère pour trouver un appartement grâce à Craigslist, d'autant plus que les prix sont exorbitants. Comptez à partir de $800 pour une petite chambre décente dans manhattan ou Brooklyn. Quand je dis petite chambre, c'est petite petite sans fenêtre. J'ai visité une colocation de 4 personnes sans salle de bain ni cuisine pour $900, ou encore un appart très cool dans East Village avec un mec qui aime que ses colocs se baladent en sous-vêtements, mais en toute cordialité hein.
En attendant d'avoir un truc, puisque mon père a fait le touriste une semaine et s'est barré, je vivais dans le Queen's, puisque je me suis fait virer de la galerie d'art du départ – oui j'ai créché dans une galerie une petite semaine – chez la pote de mon père, qui a une espèce de fille pétasse de 16 ans qui m'a volé ma métrocard et a vidé ma bouteille de parfum -
En gros le Queen's, c'est Roubaix en pire, et avec des latinos. Mais les choses s'arrangent toujours, vous le savez bien, et j'ai trouvé cette annonce sur craigslist, proposant une chambre à Williamsburg , donc le quartier branché de Brooklyn, à 5mn de Manhattan, avec deux jeunes de 19 ans qui cherchent une troisième personne underage aussi. Sachant que c'était $625, je m'attendais à un truc totalement étrange, mais j'étais tellement désespérée que je visitais tout ce que je trouvais en dessous de $1000 en espérant naïvement trouver un truc.
Je vais donc naivement au 617 Lorimer St. Un appartement étonnamment propre - NY c'est crado - et grand - et un petite chambre avec mini dressing, FENETRE, et entrée personnelle. D'accord, je rêve. J'y rencontre donc Brendan, qui est en gros, une version tatouée de Malcolm (vous savez, le mec dans la série TV, évidemment que vous le savez), et Jackie, une version tatouée d'une fille de 1m50 et 32kg, avec lesquels je discute pendant 3 heures. Je saurai après qu'ils m'ont soumise au terrible test '' Cleaness, musical and intellectual compatibility '' et que j'ai grave scoré.
Vous l'avez compris, ce sont mes désormais colocs, ils sont des vegan, donc végétaliens, pas de lait, pas d'oeufs, rien – Brendan bosse dans un salon de tatouages, tandis que Jackie étudie dans l'école de mes rêves, le FIT – fashion institute of technology – et bosse dans un restau vegan le reste du temps.
Je passe les mésaventures avec IKEA pour m'acheter un lit qui est arrivé avec deux semaines de retard parce que ces idiots m'avaient commandé deux lits à 400 boules, passons.
Sinon, vous vous en doutez, New-York, c'est géant, il y a un tas de choses à faire, cette ville est tellement paradoxale - je prends le métro pour aller à la plage, le samedi - et j'ai l'impression de devenir une sorte d'hyperactive, et plus j'en fais, plus il m'arrive des trucs fous.
Il faut quand même que je vous dise, être aux Etats-Unis quand on a moins de 21 ans craint. Definitivement. Comme toute mauvaise graine qui se respecte, j'ai une fake-id, ou plutôt une photocopie photoshopée de ma pièce d'identité, soit un bout de papier. Les mecs me regardent toujours un peu bizarrement, mais ça passe. Terrible quand on pense que ce n'est que pour entrer dans un endroit, et boire un coca.
Je vous balance tout ça au lance-pierre, mais chaque jour m'offre une situation surréaliste, et mon année est décidément placée sous le signe de la culture, parce que mine de rien, une fois ma journée de '' travail '' terminée, je n'ai plus rien à penser. Pas de devoir, pas de dissert, rien. Donc j'établis mon petit programme, et depuis que je suis ici, je me suis fait les principaux musées, et puis je me suis abonnée à la NY Public Library, je vais dans une des ailes, au hasard, et je choisis un livre au hasard.
Je fais aussi plein de concerts, j'ai vu Public Enemy et DJ Kool Herc sous une pluie battante, et j'étais la fille la plus contente du monde. Mon coloc me traine parfois avec lui le week-end, avec ses potes qui ont des têtes de petits ninous, mais qui sont tatoués de partout, et qui font des graffiti. C'est ainsi que du concert de Sonic Youth, j'ai fini dans l'appart d'un dealer sans savoir que c'était un dealer, ou encore que j'ai mangé un bagel au peanut butter sur un panneau publicitaire en regardant le jour se lever.
Voilà, vous l'avez compris, j'ai l'impression d'appartenir à la ville, aux lieux, je rencontre des gens de tous les horizons. Je sors beaucoup, chaque jour est une aventure, et parfois c'est même trop, mais ça, c'est le fameux '' New York, I love you, but you're bringing me down ''.
D'ailleurs là, je suis un peu brought down parce qu'il y a de l'orage, et je vous l'avoue, j'ai un peu peur.
Dans mon prochain post, je vous parlerai du New-york gustatif parce que la MURF aime la bonne bouffe hein – et contrairement à ce qu'on peut le penser, on en trouve ici aussi, même si certaines horreurs existent, et je me ferai un plaisir de vous les faire découvrir.
J'ajoute également que vous êtes les bienvenus évidemment, parce que mon appart, c'est un peu la maison du bonheur, il y a un hipster nouveau sur le canapé tous les matins, et mon lit est un king size. Avouez que ça donne envie.
Dernière chose, je deteste le métro New-yorkais. Ok il est cool car il fonctionne 24/24, mais il est plein de rats. PLEIN DE RATS.
Photo : A Brooklyn, on expose dans des camions, ouais ouais.
Allez, vous avez été sages, le trailer d'un film. Je suis d'humeur cheesy, suivez le lien.
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